Au bout d’un voyage épouvantable de six semaines, presque sans eau et sans nourriture, entassés dans des wagons à bestiaux, ils débarquent au fin fond de la Sibérie, dans un camp de travail soviétique. Logés dans des huttes, sous alimentés, brutalisés, les déportés tentent de survivre et de garder espoir. Dans le kolkhoze, le travail de la terre est éreintant. Mais malgré la mort, la maladie, le froid, la faim et la terreur, Lina tient bon, soutenue par une mère exemplaire, son amour pour un jeune déporté de dix-sept ans, Andrius, et portée par sa volonté de témoigner au nom de tous et de transmettre un signe de vie à son père (condamné à mort dans un autre camp) grâce à son art du dessin et à l’écriture.
LONG AVIS & SPOIL A LA FIN
Ce qu'ils n'ont pas
pu nous prendre est un livre qui m'a énormément touchée. Cependant
quelques éléments m'ont déplu, et sans ça, je pense que ça
aurait fait toute la différence.
Nous suivons Lina
jeune fille de 15 ans lituanienne déportée avec sa famille.
Malheureusement je n'ai pas accroché avec le personnage. Au début
du récit j'ignorais son âge et je lui donnais 13 ans (j'avais oublié le résumé et je vous conseille de ne pas le lire car il en dit trop). Elle est
immature et beaucoup trop enfantine. Son portrait que l'on en fait au
départ ne correspond pas à ce qu'elle donne dans le livre. Je
m'attendais à plus de caractère, je l'ai senti absente malgré
qu'on soit dans sa tête.
Et à l'inverse son
frère fait bien plus qu'un enfant de 10 ans. Jonas qui est son nom
est adorable et il m'a fendu le coeur à plusieurs reprises.
J'ai bien aimé la
mère également, mais je n'ai pas réussi à me sentir proche de la
famille jusqu'à la dernière partie. La façon dont les faits sont
racontés donne l'impression que Lina et sa mère (on excusera Jonas)
les vivent passivement. Alors que l'on est du point de vue de Lina je
n'ai pas ressenti suffisamment de colère, de révolte, de tristesse
et de souffrance. Mise à part lorsqu'elle dessine. L'autrice a bien
retransmis ses sentiments et j'ai donc pu très bien visualisé les
dessins.
Les blessures, les
injustices se passent comme s'ils étaient écrits dans un livre
d'histoire et que les personnages n'étaient qu'à moitié concernés.
Pourtant c'est ce genre de fiction qui permet justement de mieux se
rendre compte de ce qu'ont pu vivre ces populations et ça n'a pas
été le cas ici.
Bien que ce livre
soit jeunesse il est pauvre en informations historiques, presque pas
documenté. Sûrement raison pour laquelle Lina ne s'interroge que
très peu sur la situation. Ce qui ne m'a pas paru réaliste.
J'ai d'ailleurs noté
quelques incohérences ou idées floues. Lina qui a un opinion bien
tranché sur Staline ne connait rien de ce qui se passe
politiquement. Et quelques fois alors qu'elle est sensée ignorer
certaines informations on se retrouve avec des sauts dans le passé
où finalement elle les sait.
La plupart de ce qui
se veut être des « révélations » sont devinables à
l'avance. On sait tout de suite où l'autrice veut en venir car pas
du tout subtile. D'un autre côté il y a des questions auxquelles je
n'ai pas eu réponse...
Pour ce qui est de
l'amourette entre Lina et Andrius je n'ai pas aimé ce dernier qui
est rancunier, pas très aimable parfois, et un peu immature sur les
bords (pour faire fumer un enfant de 10 ans, je n'ai pas compris
pourquoi sa mère a accepté ?). Pour la place que ça prend dans le
livre, ce n'était pas nécessaire. Du jour au lendemain les
adolescents s'aiment, sans que rien ne se passe au final. J'aurais
aimé que ce soit plus présent ou tourné autrement afin de donner à
leur amour plus de crédibilité. Ca aurait apporté une touche de
douceur dans cette horreur.
La dernière partie
est celle que j'ai préféré car la plus émouvante, les événements
qui se déroulent sont d'une extrême dureté. Je me suis enfin
sentie proche de cette famille et des autres déportés (coup de
coeur pour le Chauve qui m'a plusieurs fois fait sourire).
Dommage que la fin
soit expéditive, ce qui a aussi été le cas pour de nombreuses
scènes qui s'interrompent brusquement alors qu'elles méritaient
d'être plus développées. L'épilogue ne m'a pas non plus
satisfaite.
SPOIL Dans la lettre de Lina on sait qu'elle retrouve
Andrius et se marie avec lui, mais on n'a pas assisté aux
retrouvailles ce qui est vraiment frustrant. On ne sait pas non plus
si son père a survécu. On ne sait pas ce que Jonas est devenu. Et
on apprend qu'ils sont restés douze ans dans ces goulags ce qui est
le plus déchirant finalement. Ils ont passé tant d'années dans cet
enfer, leur jeunesse sacrifiée, et j'ai ressenti une profonde
injustice. SPOIL
J'aurais souhaité
beaucoup plus de détails ! Qu'on suive cette famille plus
longtemps.
Néanmoins j'ai
appris. On a tendance à faire focus sur Hitler, ce qui est arrivé
aux juifs, et on met un peu de côté cette autre partie de l'histoire.
Mais ce livre à mon goût, aurait pu être bien mieux exploité. Je
reste hantée par leur histoire, le plus effrayant étant, que c'est
réellement arrivé il y a peu de temps.
J'ai lu ce roman deux fois, et j'ai pleuré autant de fois... C'est dur, fortement émouvant, je conseille vivement !!
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